L’école de pêche – le livre

Françoise Pencalet, historienne, Denis Biget, anthropologue, et Gérard Alle, écrivain ont opté pour un ouvrage accessible à tous, mêlant anecdotes et précision historique. Pour suivre cette histoire à travers le temps, le lecteur se laissera guider par un personnage fictif, qui re­vivra sous nos yeux des aventures bien réelles.

  • Broché 16.5 x 24 cm
  • 224 pages couleurs, textes et plus de
  • 200 photos, documents d’archives et cartes
  • Imprimé en France
  • ISBN 978-2-36833-194-1
  • Editions Locus Solus

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À Douarnenez, faut savoir naviguer

Histoire de l’école de pêche 1904-2003
un collectage – un livre


UN LIVRE INATTENDU !

Écrire, décrire l’histoire de l’apprentissage maritime à Douarnenez et de son évolution, ce n’est pas seulement raconter par le menu l’histoire de son école de pêche, c’est aussi dépeindre les relations des populations du littoral avec les métiers de la mer, leur rapport à l’éducation en général et aux institutions chargées d’encadrer ces gens que l’on dit turbulents. Et comme toute formation suit à la fois un objectif politique et économique, elle illustre une conversion progressive aux progrès techniques et au capitalisme. Les marins, en perdant peu à peu la maîtrise des investissements, perdent une part de leur liberté. Jusqu’à voir leurs bateaux partir à la casse, eux dont les membres de la famille n’étaient parfois connus que par leur surnom qui n’était autre que le nom dudit bateau.

À QUI S’ADRESSE-T-IL ?

Ce livre s’adresse donc à tous ceux qui aiment ces métiers de la mer et se posent des questions quant à leur devenir, comme sur l’avenir de nos territoires. Il s’inscrit dans une démarche originale, celle de Marins à l’ancre.

LES AUTEURS

Trois auteurs se sont penchés sur la question : Françoise Pencalet, historienne, Denis Biget, anthropologue, et Gérard Alle, écrivain. Ils ont opté pour un ouvrage accessible à tous, mêlant anecdotes et précision historique. Pour suivre cette histoire à travers le temps, le lecteur se laissera guider par un personnage fictif, qui revivra sous nos yeux des aventures bien réelles.

EN PERSPECTIVE

En fin d’ouvrage, une rencontre entre des élèves en école de pêche aujourd’hui et d’anciens élèves de l’école de pêche de Douarnenez permettra d’ouvrir la réflexion sur les évolutions à venir.

DES SOURCES NOMBREUSES ET CROISÉES

Les auteurs s’appuient sur les nombreuses pièces concernant l’école de pêche, issues des archives conservées au Port-Musée de Douarnenez, au Service historique de la défense de Brest, ainsi qu’aux Archives nationales. Ils ont eu accès au fameux « cahier bleu », archives personnelles d’Abel Méter, directeur charismatique de l’école de 1961 à 1983, riches en coupures de presse et iconographie. On retrouve ainsi, classés et analysés minutieusement par les chercheurs bénévoles de Marins à l’Ancre, rapports de début et de fin de session scolaire, listes des personnels enseignants, contenus des cours, problèmes rencontrés durant l’année scolaire, relevés de notes et fiches d’inscription des élèves, procès-verbaux de conseil d’administration, bilans financiers, commandes de matériel de navigation, dossier sur le bateau-école l’Amplitude, etc.

Ces données s’enrichissent de lettres ou de photographies confiées par la population de Douarnenez, ainsi que du contenu d’entretiens réalisés par les bénévoles auprès d’anciens directeurs de l’école, enseignants ou élèves, patrons de pêche ou matelots, responsables du Comité local des pêches.

L’ÉCOLE DE PÊCHE, UN SIÈCLE À DOUARNENEZ

La naissance de l’école de pêche est imposée par des contraintes législatives, l’école étant obligatoire à partir de 1882 pour tous les enfants jusqu’à l’âge de 13 ans. Or, à Douarnenez, les enfants embarquent dès l’âge de 9 ans et ce jusqu’au début du xxe siècle. Il semble aussi que la création de l’école, en 1904, soit considérée par les autorités comme un moyen de cadrer une population nombreuse, laborieuse, réputée frondeuse.

ENTRE LES CRISES, L’ÉCOLE SE CHERCHE

Quand arrivent les crises sardinières du début du xxe siècle, il faut trouver une activité pour les jeunes. D’où la nécessité de les former pour s’adapter à de nouvelles activités halieutiques. Quel intérêt pour la population maritime d’inscrire ses enfants à l’école de pêche ? Peut-on enseigner à l’école un métier qui s’apprend traditionnellement en observant et répétant les gestes des anciens ?

L’école, en pleine croissance, est constamment à la recherche d’un lieu de vie pour s’épanouir : elle passe de Douarnenez à Tréboul, puis s’installe à Ploaré, avant de revenir à Douarnenez. Elle teste toutes les communes de ce qui deviendra en 1945 le Grand Douarnenez, sauf Pouldavid, la commune des marins maçons…

ENTRE MUTATIONS ET ADAPTATIONS, L’ÉCOLE SE STRUCTURE

En conséquence des crises sardinières, la population de Douarnenez décline, passant de 12 259 habitants en 1921 à 10 556 en 1936. L’activité maritime reprend dans les années 1920 et, avec elle, apparaissent les premières innovations techniques, les premiers moteurs imposant de nouveaux savoirs. La diversification des pêches se renforce, avec un calendrier des pêches saisonnières et le développement d’une pêche annuelle (pêche langoustière à la verte). En 1925, l’association Amicale de l’École Maritime (AEM) est créée, sous la présidence du maire Le Flanchec. La formation de patron pêcheur est instaurée. L’école devient en partie un moyen de sortir de sa condition de matelot. Mais en partie seulement. En 1930, le catholicisme social cher au Révérend Père Lebret touche la population maritime de Douarnenez, tout autant influencée par l’Église que par l’idéologie communiste. Place à l’École d’Apprentissage Maritime (EAM) sous l’Occupation. Les marins de la CGT refusent d’y envoyer leurs enfants. Entre Vichy, l’Église et l’école, comment réagit la population maritime douarneniste ?

L’après-guerre voit la modernisation des flottilles avec des moteurs de plus en plus puissants, la congélation à bord, le développement de nouvelles techniques de pêche comme le chalut. Il faut une école performante qui forme un vivier de pêcheurs compétents. Les matelots, patrons et mécaniciens y préparent leurs diplômes.

L’école s’adapte dans les années 1960, en formant les patrons qui ne peuvent plus se contenter de naviguer à l’estime. Il faut aller au-delà de l’Équateur, traverser l’Atlantique vers le Brésil et les Caraïbes, apprendre à tracer les difficiles droites de hauteur, partir chaluter vers les mers du Nord.

Le haut niveau de formation imposé répond-il aux besoins locaux ? Ne favorise-t-il pas le départ de marins très bien formés vers d’autres ports et d’autres activités ? Y a-t-il une orientation par le choix de l’école ? L’école Saint-Blaise favorise-t-elle l’entrée des jeunes vers l’école de Maistrance ? Fayot ou pêcheur, il faut choisir ! Après la domination sardinière puis le temps des pêches saisonnières, la pêche industrielle se développe durant les années 1960-1970. Sous la direction de Fañch Gloaguen, l’Armement Coopératif Finistérien recrute les plus jeunes équipages. L’ACF a-t-elle fait évoluer la formation des marins et l’orientation des pêches à Douarnenez de façon radicale, accélérant la fin de l’histoire ?

Au fil du temps, la question est sans cesse posée : à quels moments et pour qui l’école de pêche permet-elle une certaine ascension sociale, ou assoit-elle au contraire la reproduction des rapports de classe ?