LE CAFÉ DE MARINS – LA VIE DANS LES BISTROTS
Le café de marins fait partie intégrante du paysage urbain de Douarnenez. Si l’architecture de la ville est variée, l’habitat urbain présente cependant une forme urbaine « spécifique à Douarnenez et également spécifique à d’autres villes côtières, c’est à dire à d’autres ports bretons »
*LE BERRE Rémi, « Aspects de l’histoire urbaine d’un port: Douarnenez », Gwechall, Le Finistère autrefois, tomes 2 et 3, Quimper, 1980.
Architecture et aménagement intérieur
Le café, local commercial, est situé au rez-de-chaussée « d’un habitat qui a comme modèle les types ruraux, mais au lieu d’avoir le Penty rural (rez-de-chaussée + combles) on peut avoir rez-de-chaussée + 2 ou 3 étage + combles ». Vous retrouverez plusieurs cafés dans le film amateur « Ruelles de Douarnenez » datant de 1950 ci-dessous !
Des buvettes, cafés de petites tailles
Le plus grands nombres de cafés se retrouve dans le type d’habitat le plus courant, constitué de deux ou trois fenêtres en façades. Le café prend place dans une pièce du rez-de-chaussée. Des cafés de petite taille donc, accessible directement depuis la rue par une porte « commerciale » ou parfois uniquement depuis le couloir d’accès aux différentes pièces d’habitations du bâtiment.
Certains cafés n’ont pas d’enseigne. Souvent, le café est « chez les gens », dans les maisons d’habitation. Sur cette photo d’un café situé 18 rue des Marsouins (fermé aujourd’hui), on aperçoit uniquement le panonceau licence IV sur la façade.
Photo de 1950, issue du film amateur » Les ruelles de Douarnenez «
Très certainement, avant 1941, date de création de l’autorisation Licence IV pour certains débits de boisson de vendre des boissons alcoolisées et liqueurs, aucun élément extérieur n’indiquait la présence de ce café.
D’autres avaient une enseigne simple, sans appellation particulière : « Débit de boissons », « buvette ».
Les cafés baptisés d’un nom identifié, dans la pratique, devenaient souvent « Chez + nom du ou de la propriétaire ». Ainsi, quand on allait Au bon séjour, on était « Chez Tante Louise ar Bontez » ; Au Café de l’Aurore, « Chez Le Rouge », Aux Loups des Mers, nom issu du bateau du mari de la patronne « Bleiz ar Morioù », « Chez la Camarétoise »…
Après la guerre, des enseignes publicitaires sont installées, on peut trouver des cartes postales en vitrine, sur les quais les terrasses font leur apparition…
Voir aussi Le bistrot au fil du temps
Le Baromètre, port du Rosmeur : un café qui n’a pas bougé depuis les années 60
(fermé aujourd’hui)
L’intérieur du café
Le plus souvent simple, un comptoir bas, des étagères pour les bouteilles, pas d’évier mais une bassine, une ou deux tables…
Une arrière salle, pour partager l’argent voir Dépenses / casser la caisse ou pour jouer aux cartes…
Certains cafés n’avaient pas d’arrière-salle, les jeux de carte et le partage de l’argent pouvaient alors se faire dans la cuisine de la bistrotière ou dans une autre salle à l’étage.
LES PRATIQUES PROFESSIONNELLES
Retrouvez les pratiques professionnelle dans les pages L’annexe du bateau, la fréquentation en équipage, liée à l’activité de la pêche et du bateau sur lequel le marin travaille.
LES PRATIQUES PERSONNELLES
À terre, en période hivernale ou en saison durant les courtes périodes de repos, il y a toujours du travail sur ou autour du bateau. Les maisons sont petites, il n’y pas de télévision, le marin est donc sur le port, et le café occupe une place importante dans les « loisirs » du marin.
« … le bistrot était un peu l’échappatoire, les familles étaient les unes sur les autres dans une pièce ou deux pièces.. … »
« … On était tout le temps fourré dans les bateaux… tout était bon pour boire un coup quoi ! »
«…c’était un lieu de rendez-vous, de détente…»
« …le marin en fin de semaine venait jouer aux cartes! »
Les femmes, les enfants, n’allaient pas beaucoup au café, « c’était pas leur place » ….
«…c’était réservé au monde marin…»
« Y’avait pas de place pour les enfants dans les bistros… les seules fois où on aller dans les bistros… »
LA PATRONNE
Si les femmes ne fréquentaient pas les cafés, ce sont pourtant bien elles, derrière le comptoir, qui font tourner le bistro quotidiennement. Confidente, parfois banquière ou responsable de l’intendance, et bien sûr bistrotière… le rôle de la patronne de café était fondamental dans la vie économique maritime. (voir aussi L’annexe du bateau)
A lire!
Un article d’Anaëlle Le Pann, paru dans les Mémoires de la Ville de Douarnenez sur ces femmes qui tenaient les nombreux cafés de Douarnenez
Patron de bistrot, un métier de femme : Autre coté comptoir
Les consommations
«…l’équipage buvait un petit verre de vin et moi un Orangina ou un Vittel menthe…»
«…du rouge surtout…»
«…à not’ santé…»
«…quand la pêche était mauvaise c’était un coup de rouge, quand la pêche était bonne c’était un bon petit rouge…»
Les verres de vin. De la plus petite à la plus grande soif : le « petit rouge », le « verre d’homme », le « quart »…
LES GRAS…
« …un coup pour les Gras il nous avait fait du canigou avec du hachis parmentier…